& les Chroniques
 Express
Download
"Unknown Room"

"Unknown Room"
DATES | Sorti le 8 mars 2019 | Publié le mercredi  3 avril 2019
ET ALORS | Dans la seconde moitié des années 90, les disques de Download paraissaient de prime abord insaisissables voire hermétiques car alors précurseurs d'un genre, l’IDM, qui allait prendre de l'ampleur quelques années plus tard. Aujourd'hui, la musique de cEvin Key et du regretté Phil Western, soudainement disparu il y a un mois, est toujours aussi riche et joliment à part, pleine de sons rêvés et réalisés dans leur laboratoire sonore, un peu psychédéliques, comme mûs d'une vie propre et dansant à leur guise sur des rythmiques stroboscopées. Avec sa collection de synthés câblés et leurs potentiomètres, le duo propose une nouvelle fois ses expérimentations électroniques et ses séquences venues d'ailleurs, mais moins hallucinées et plus régulières que sur leurs deux précédents disques ("Helicopter" et "Lingam"). Et penser qu'il s'agit très probablement du dernier nous brise le cœur.

The Coathangers
"The Devil You Know"

"The Devil You Know"
DATES | Sorti le 8 mars 2019 | Publié le jeudi 21 mars 2019
ET ALORS | Les albums passant (déjà le sixième en douze ans, en excluant le précédent), on aurait pu croire que les trois punkettes des Coathangers allaient se calmer mais il n'en est rien (ou presque, à la fin) : au contraire, comme le bon vin, leur musique se bonifie avec le temps. Moins rugueuse, de plus en plus sautillante (impossible de ne pas penser aux géniales Slits ou plus près de nous aux brillantes Mika Miko), pour ne pas dire dansante, mais avec toujours cette putain d'énergie à vous réveiller un mort, en appliquant à la lettre la règle d'or : trois accords suffisent pour faire une chanson. Plus que jamais, "The Devil You Know" fourmille de tubes à chanter sous la douche, avec une musique idéale pour surmonter le marasme du quotidien et vous faire sentir plus vivant que jamais. 

Ghostland
"Dances on Walls"

"Dances on Walls"
DATES | Sorti le 10 décembre 2018 | Publié le jeudi 14 mars 2019
ET ALORS | Trop de repères peuvent nuir à l'auditeur. "Dances on Wall" de Ghostland en est un parfait exemple. La formation est originaire d’Athènes et a signé avec le label parisien Manic Depression pour son premier album. Un label d'obédience gothique, qui accueille un groupe au nom qui l'est tout autant. Une poignée d'indicateurs comme autant de fausses pistes qui desservent les premières écoutes. Le disque est en effet plus lumineux que ce à quoi on pourrait s'attendre, neuf titres menés par la voix rafraîchissante de Makrina qui rappellent avant tout une autre formation bien éloignée de cet univers, les Canadiennes de The Organ. On est malgré tout plus près de Cure que des Smiths, avec quelques synthés en prime et de belles lignes de basse, mais il y a ici cette même lumière, ce don pour les mélodies enjouées et les compositions riches qui emporte tout et nous permet de passer un très bon moment.

Poptone
"Poptone"

"Poptone"
DATES | Sorti le 18 juin 2018 | Publié le lundi 11 mars 2019
ET ALORS | C'est toujours à Peter Murphy que l'on pense lorsqu'on évoque Bauhaus, pourtant Daniel Ash a été un acteur majeur de l'histoire du groupe. Lorsqu'ils se séparent en 1983, le premier lance Dalis Car avec Mick Karn de Japan, tandis que le second reprend avec Kevin Haskins le projet Tones of Tail qu'il avait démarré un an auparavant. Trois EP, un album, une poignée de singles ( "Lions", "Go!", "Christian Says", "Performance"), des compositions étonnantes dans leur réalisation, synthétiques, fines, pop, extrêmement bien ciselées. Fin 1984, le projet s'arrête et, rejoints par David J., Haskins et Ash forment Love & Rockets qui publiera sept albums jusqu'en 1998. En 2018, les trois ex-Bauhaus réenregistent live en studio, soutenus à la basse par Diva Dompé, la fille de Kevin Haskins, 12 de leurs titres, rappelant ainsi que leurs productions visionnaires nées il y a 35 ans n'ont pas pris une ride.

Isolated Youth
"Warfare"

"Warfare"
DATES | Sorti le 2 février 2019 | Publié le jeudi  7 mars 2019
ET ALORS | La formation est suédoise et c'est sur un label grec qu'elle publie son premier EP. Un grand écart géographique qui justifie peut-être l’étrangeté du disque. À moins que ce ne soit le contraire… Les hostilités démarrent avec la rythmique tribale de "Oath" et son chant presque chamanique. L’ambiance est posée, Isolated Youth est loin des repères normés et de la facilité auxquels le genre nous habitue ces derniers temps. Le titre "Warfare" offre une voix plus androgyne qui rappelle celui de Dolores O'Riordan ou d’un Brian Molko des premières heures, porté par une basse exemplaire, l’ambiance est plus instable. Avec "Safety" on sait que l'on est en présence de quelque chose de fascinant, avant que "Gold Lane" plus lancinant, torturé et addictif, confirme nos impressions. Le disque s’achève avec un endiablé "Seasons" (dont l’intro rappelle "Love Will Tear Us Apart"). Trop court, mais délicieux.

The Telescopes
"Exploding Head Syndrome"

"Exploding Head Syndrome"
DATES | Sorti le 1er février 2019 | Publié le mardi  5 mars 2019
ET ALORS | Depuis le mythique "Taste" en 1989, Stephen Lawrie mène sa barque tranquillement, fidèle au registre shoegaze/noise/space rock qui est sa marque de fabrique, et dont il est, il faut le dire, l'un des champions actuels. L'âge aidant, la musique s'est faite de plus en plus expérimentale et planante, sans toutefois délaisser une profonde noirceur, larsens et synthés entremêlés à l'infini, lancinants, répétitifs, cotonneux, sur fond de voix monocorde ensommeillée. "Exploding Head Syndrome", comme le précédent, est de cet acabit, et il est magistral. On n'écoute pas les Telescopes pour se distraire, mais pour se soigner : les vapeurs psychédéliques dégagées par cette musique ont ce don extraordinaire d'agir sur le cerveau aussi bien qu'une drogue : on s'y plonge avec délectation, et on en oublie tout le reste. 

Evi Vine
"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"

"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le lundi  4 mars 2019
ET ALORS | Le set d’Evi Vine en ouverture de Brendan Perry au Petit Bain nous avait fasciné. Le troisième album de la Londonienne sort quelques semaines seulement après sa prestation, et c’est avec plaisir que nous retrouvons cette voix douce et fragile, toujours à la merci des guitares impitoyables fournies par Peter Yates (Fields of the Nephilim), et flottant avec aisance sur des traitements impressionnants de noirceur. On y retrouve des sonorités proches des premiers disques de Sigur Rós, et une rythmique totalement absente du live, sur laquelle Simon Gallup (The Cure) a prêté son jeu de basse. Les ambiances sont sous tension, de sorte que celle qui fût la chanteuse sur trois titres du premier album de The Eden House apporte seule les rayons de lumière dans cet univers lugubre et angoissant, comme l’annonce très clairement le titre de l’album avec son effet de miroir déformant. 

FTR
"Manners"

"Manners"
DATES | Sorti le 15 février 2019 | Publié le jeudi 28 février 2019
ET ALORS | Le made in France se porte merveilleusement bien. Pour preuve, la liste des jeunes formations basées dans notre pays capables de sortir des productions impeccables s'allonge un peu plus chaque mois (Divine Shade, Hante.), certains allant jusqu'à signer pour la diffusion hors de nos frontières. Les Parisiens FTR (ex-Future) rassemblent dans leurs compositions passion, énergie, talent et de belles références bien assimilées. C'est au meilleur de The Jesus and Mary Chain façon DIY ou à A Place to Bury Strangers que l'on pense dès les premières mesures de "Manners", avec cependant un grain personnel, une sorte de mur du son construit autour d’une boîte à rythmes infatigable, une basse énorme qui ne s’arrête jamais et des guitares qui hurlent. La voix se veut rassurante dans cette masse cold-pop-rock-noisy sans concession qui trace en ligne droite son propre chemin quitte à pulvériser tous les obstacles.

Queen Zee
"Queen Zee"

"Queen Zee"
DATES | Sorti le 8 février 2019 | Publié le mercredi 27 février 2019
ET ALORS | C'est la sensation du moment outre-Manche : les punks queers multicolores Queen Zee et leur charismatique chanteur trans, Zena "Obscene" Davine, dont l'album était très attendu après plusieurs singles qui en mettaient plein les gencives. Queen Zee, c'est comme le Spritz : c'est coloré, ça vous rebooste et ça vous fait tourner la tête. Pour faire un bon Spritz, une seule règle : trois bonnes doses de punk énervé (des guitares à fond les ballons), deux solides doses de glam-rock (une solide base rock et des looks allant des New-York Dolls à Marylin Manson en passant par The Cult), et une petite dose de goth pétillant (un chant qui fait penser autant à Gavin Friday qu'à Rozz Williams). En guise de rondelle d'orange, un sens mélodique parfait qui fait de cet album une véritable usine à tubes. Vous savez ce qu'il vous reste à faire : maquillez-vous et bondissez dans la rue en criant "Sass or Die !".
CONNEXE | Spritz

Fawns of Love
"Permanent"

"Permanent"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 21 février 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Une certaine vision des premières heures de Factory hantée par quelques fantômes shoegaze, voilà ce qui habite le deuxième album des Californiens de Fawns of Love. Les sonorités électroniques, synthétiques et rythmiques rappellent, dans le désordre, celles d'A Certain Ratio, Section 25, A.R. Kane, ou New Order, tandis que les guitares et leur réverb renvoient à Cure ("Horoscope"), New Order ("Permanent", "Mournful Eyes) ou Slowdive. Le chant n'est pas en reste lorsqu'il s'agit d'y voir des influences, la voix féminine, à la fois mélodique et atone, flotte dans un espace parallèle entre celles de Cocteau Twins et Blonde Redhead. Un assemblage de repères de très bon goût, qui offre un environnement très confortable et permet au disque de réussir l'improbable, offrir un résultat digeste, tant ce mélange d'influences est bien maîtrisé, rendant paradoxalement le résultat plutôt original.










